Glyphosate : une question de dose avant tout !
Écologie

Glyphosate : une question de dose avant tout !

Par Philippe Oswald - Publié le 17/08/2017
« Tout est poison et rien n'est sans poison; la dose seule fait que quelque chose n'est pas un poison » : sans doute un certain intégrisme écologique rend-il nécessaire de rappeler aujourd’hui la célèbre formule du médecin, astrologue et alchimiste suisse Paracelse (Philippus Aureolus Theophrastus Bombastus von Hohenheim, dit Paracelse, mort en 1541), fondateur de la toxicologie.
Sa formule pourrait éclairer les débats actuels sur l’éventuelle interdiction totale du glyphosate, engagés fin juillet par la Commission européenne avec les États membres.

Molécule utilisée dans près de 70 désherbants, dont le très décrié Roundup, le glyphosate est l’ennemi numéro un des défenseurs de l’environnement. Le 1er janvier 2019, les particuliers n’auront plus le droit d’utiliser des dérivés du glyphosate dont le Roundup. En revanche, les professionnels ne sont pas frappés par cette interdiction. Si elle était finalement décidée, une interdiction totale aurait de très lourdes conséquences financières pour nombre d’agriculteurs, mais aussi pour la SNCF. C’est cet impact méconnu sur les chemins de fer d’une interdiction totale que développe Sébastien Durieux dans cet article du journal libéral Contrepoints. Selon lui, l’interdiction du glyphosate coûterait un demi-milliard d’euros à la SNCF qui a recours aux désherbants issus de cette molécule pour débarrasser son réseau ferré des végétaux dangereux pour la sécurité.

Jusqu’à présent, les états de l’UE ne sont pas parvenus à s’accorder sur la dangerosité de ce produit. Ils ne sont pas aidés par les experts dont une majorité l’estimerait « sans danger » tandis que d’autres le tiennent pour un « cancérigène probable » à commencer par le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) (qui porte un jugement analogue sur la caféine, le nylon, le paracétamol et l’oxyde de fer). La Commission européenne, favorable au maintien du glyphosate s’appuie, elle, sur les résultats de deux agences européennes : l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA) et l’Agence européenne de la sécurité des aliments (EFSA) qui concluent l’une et l’autre à l’absence de danger du glyphosate.

Clairement hostile lui-aussi à une interdiction totale, l’auteur reprend deux arguments : 1°) La distinction entre la dangerosité d’un produit et le risque, lequel dépend de l’usage et de l’exposition au produit ; 2°) Le rapport entre dose et toxicité – qui rejoint la vieille distinction de Paracelse : « La toxicité dépend de la quantité (dose) à laquelle le sujet est exposé et il apparaît que le glyphosate est bien moins toxique que des produits utilisés chaque jour comme le sel ou la caféine. Trente fois plus toxique que le glyphosate, la caféine n’est pourtant interdite par aucune agence de santé. »

Quel que soit le bien-fondé de cette affirmation, le coût de l’interdiction totale du glyphosate est estimé par la Fondation Concorde (un think tank d’obédience libérale) à 976 millions d’euros pour les agriculteurs et à près de 500 millions d’euros par an pour la SNCF qui utilise le glyphosate le long de ses 61 000 kilomètres de voies et des 95 000 hectares qu’elle doit préserver de la végétation. Un coût « impossible à supporter pour une SNCF en grande délicatesse sur le plan financier, avec une dette évaluée actuellement à 44 milliards d’euros et qui augmente de 2 milliards d’euros chaque année. »
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Une interdiction du glyphosate coûterait 1 demi milliard à la SNCF
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