Défense : Le centenaire de l’armistice précédé d’un clash entre Trump et Macron
International

Défense : Le centenaire de l’armistice précédé d’un clash entre Trump et Macron

Par Philippe Oswald - Publié le 10/11/2018
Les cérémonies du centenaire de la fin de la Grande Guerre ont connu un de ces préambules musclés qu’affectionne Donald Trump. A peine son avion posé à Paris, au soir du 9 novembre, le Président américain a lancé ce tweet rageur : « Le Président Macron vient de suggérer que l'Europe construise sa propre armée pour se protéger contre les États-Unis, la Chine et la Russie. Très insultant mais peut-être que l'Europe devrait d'abord payer sa part à l'Otan que les États-Unis subventionnent largement ».

Ce coup de sang répondait à une interview du 6 novembre sur Europe 1, dans laquelle Emmanuel Macron s'est déclaré favorable à la création d'une « vraie armée européenne ». « On ne protégera pas les Européens si on ne décide pas d’avoir une vraie armée européenne », avait alors plaidé le président français. Il faut « nous protéger à l’égard de la Chine, de la Russie et même des Etats-Unis », avait-t-il avancé, se mettant ainsi à dos les trois grandes puissances, jetées dans le même sac ! Sujet récurrent chez tous les derniers présidents de la République, la constitution d’une armée européenne supranationale n’est pas seulement une pomme de discorde entre l’Union européenne et son protecteur américain, mais entre les Etats membres de l’UE peu désireux d’assurer ensemble leur défense nationale.

Depuis son élection, Donald Trump dénonce l’assistanat auquel s’abandonne une grande partie de l’Europe en s’abritant à moindres frais depuis l’après-guerre sous le bouclier militaire américain dans le cadre de l'Otan. Mais si Trump concentre son tir sur Macron, c’est que les deux chefs d’Etat ne sont à peu près d’accord sur rien : sur le multilatéralisme dont le président français se veut le champion, sur l’environnement, l’Iran, les relations commerciales, et d’une manière générale, sur la gouvernance des affaires du monde. Il est d’ailleurs symptomatique que le président américain sera le grand absent, dimanche, du « Forum sur la paix » qu’Emmanuel Macron ouvrira avec le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, et la chancelière allemande, Angela Merkel, elle-même très affaiblie dans son pays. En attendant, la stratégie « rendre dedans » de Trump s’est avérée une nouvelle fois payante : quelques heures plus tard, dans la matinée du 10 septembre, à l’Elysée, le président français assurait à un Donald Trump au visage fermé qu'il œuvrait à ce que l'Europe paye plus pour supporter le coût de sa défense dans le cadre de l'Otan.

Reste le fond de la question d’une « défense européenne », qui touche à l’identité de nations peu désireuses d’être diluées dans une souveraineté fédérale. Dans l’état actuel de faiblesse et de division de l’UE, une armée européenne - et donc un commandement unifié - aurait vraisemblablement une efficacité comparable à celle de la Société des nations (SDN) entre les deux guerres. L’historien Jacques Bainville qui avait prophétisé les conséquences funestes du Traité de paix de 1918, observait alors : « Il manque à la Société des Nations les éléments politiques et les intérêts humains auxquels elle pourrait s'accrocher. […] Jusque-là, elle n'est qu'une formule ou un vœu. »

Aujourd’hui, pour Philippe Migault directeur du Centre européen d'analyses stratégiques, la « vraie armée européenne » que propose Emmanuel Macron est, elle aussi, « de la poudre de perlimpinpin » : « …en dehors des Français, qui rêvent d’une Europe puissance, nul dans l’UE aujourd’hui, dans la CEE hier, n’aspire à cet objectif. L’OTAN reste irremplaçable, tant pour les Européens que - ne jouons pas les hypocrites - pour les autorités françaises, aussi bien civiles que militaires. » Qui d’ailleurs aurait envie de mourir pour l’UE et de combattre aux côtés de Macron ? Personne, répond Philippe Migaud : ni les Allemands en pleine crise politique, ni les Britanniques (à l’heure du Brexit), ni les Espagnols, ni les Grecs … et encore moins les Italiens, les Polonais, Hongrois, Slovaques, Autrichiens, montrés du doigt par le président de la République comme des populistes attardés, contaminés par « la lèpre nationaliste ».
La sélection
Défense : Le centenaire de l’armistice précédé d’un clash entre Trump et Macron
La « vraie armée européenne » de Macron, de la poudre de perlimpinpin
RT France
ou
Faire un don
Ajoutez votre commentaire
Valider
Pourquoi s'abonner à LSDJ ?

Vous êtes submergé d'informations ? Pas forcément utiles ? Pas le temps de tout suivre ?

Nous vous proposons une sélection pour aller plus loin, pour gagner du temps, pour ne rien rater.

Sélectionner et synthétiser sont les seules réponses adaptées ! Stabilo
Je m'abonne gratuitement
LES DERNIÈRES SÉLECTIONS