COVID-19 : que pouvait-on savoir ?
Santé

COVID-19 : que pouvait-on savoir ?

Par Louis Daufresne - Publié le 30/03/2020
« Que pouvait-on savoir et prévoir de l’actuelle pandémie et de son arrivée sur le territoire français ? » C’est la question que se pose La Vie des Idées, site rattaché au Collège de France et dirigé par le sociologue Pierre Rosanvallon. L’article propose une première chronologie de l’émergence du COVID-19 en reprenant les articles que le très réputé magazine Science publie depuis fin décembre.

L’idée, c’est d’étudier ce que pouvaient (…) savoir les femmes et les hommes qui nous gouvernent. » Sur ce point, l’analyse est (trop) succincte mais sévère. Car depuis l’interview d’Agnès Buzyn dans le Monde du 17 mars, les critiques pleuvent sur le gouvernement français. (Cf. : Les regrets d’Agnès Buzyn : « On aurait dû tout arrêter, c’était une mascarade » ([en ligne] : < https://www.lemonde.fr/politique/article/2020/03/17/entre-campagne-municipale-et-crise-du-coronavirus-le-chemin-de-croix-d-agnes-buzyn_6033395_823448.html>). Le 19, un collectif de plusieurs centaines de médecins portaient plainte au pénal. Selon eux, Agnès Buzyn et Édouard Philippe « avaient conscience du péril et disposaient des moyens d’action, qu’ils ont toutefois choisi de ne pas exercer ».

La chronologie est la suivante :

09 janvier : Science écrit que les autorités chinoises ont confirmé qu’il ne s’agit ni du SRAS ni du MERS. La Chine a également annoncé qu’il n’y aurait pas de transmission du virus d’humain à humain. Peter Daszak, un spécialiste des maladies infectieuses interrogé par Science, doute de cette information qui sera vérifiée quelques jours plus tard.

11 janvier : Science parle des chercheurs chinois qui ont partagé la séquence génétique du virus avec le reste du monde, permettant la fabrication de tests de dépistage.

30 janvier : Science rapporte que l’OMS considère désormais le nouveau coronavirus comme une urgence de santé publique au niveau mondial. La maladie s’est déjà propagée à 18 pays. Science relève que pour beaucoup d’observateurs, cette annonce a tardé, le comité de l’OMS étant encore trop partagé.

05 février : Science relate que sur 8 Japonais rapatriés de Wuhan et dépistés positifs, 4 ne présentent aucun symptôme, « ce qui complique grandement les efforts pour contenir l’épidémie ». Les experts commencent à pencher pour la pandémie. L’article parle des cas graves : « Plusieurs études montrent qu’environ 20 % des personnes infectées souffrent de formes graves de la maladie, nécessitant une hospitalisation. »

11 février : Science alerte sur la possible pénurie de tests biologiques de dépistage.

25 février : Science est formel : « The coronavirus seems unstoppable. What should the world do now ? » La pandémie l’a emporté. L’Italie vient de confiner dix villes du nord. L’OMS continue de parler d’« épidémies dans différentes parties du monde », (…) parce qu’elle a peur que le message soit interprété comme un aveu de défaite ». Science cite une étude qui montre qu’en Chine, « ce sont la suspension des transports publics, la fermeture des lieux de loisir, l’interdiction des rassemblements qui semblent avoir été les mesures les plus efficaces pour ralentir la progression de la maladie ». L’article ajoute que ne pas faire cela, « c’est une décision assez importante en matière de santé publique qui revient à dire, au fond, (…) qu'on laisse ce virus se propager. »

28 février : L’OMS publie son rapport sur sa visite en Chine.

02 mars : Science souligne la réussite de la stratégie chinoise en insistant sur « la qualité, la rapidité et l’extensivité de la politique de dépistage et de traçage (…) des personnes positives ». Au New York Times, Bruce Aylward raconte que les hôpitaux chinois sont massivement équipés : « China is really good at keeping people alive. Its hospitals looked better than some I see here in Switzerland (sic). » La Vie des Idées observe que « le rapport de l’OMS (…) n’encourage à aucun moment la mise en quarantaine de toute la population du pays, solution de dernier ressort ».

Le rapport de l’OMS est qualifié de « tournant majeur ». Seule une mobilisation de « tout le gouvernement » et « toute la société » permettra de vaincre l’épidémie. Sauf que « le lendemain, samedi 29 février d’une année bissextile, écrit La Vie des Idées, le Premier ministre Édouard Philippe décide de détourner un conseil des ministres "exceptionnel dédié au Covid-19" pour annoncer l’utilisation de l’article 49.3 (…) afin d’adopter sans vote la réforme des retraites… »

D'évidence, « cette chronologie appelle à être complétée. Il sera intéressant (…) de retracer l’historique en regardant pour la France par exemple ce qu’ont dit et écrit les institutions spécialisées en maladies infectieuses telles que l’Institut Pasteur, ou encore les chercheurs spécialistes de ces questions en France. » Le Dr Raoult par exemple...
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