Changer la règle des penalties
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Changer la règle des penalties

Par Olivier Bonnassies - Publié le 12/07/2021
L’Euro de football 2021 qui vient de se terminer a vu encore une accumulation de résultats nuls conduisant à des prolongations puis à la loterie des tirs aux buts. Cela a été le cas en 1/8ème de finale (France-Suisse), en quarts de finale (Suisse-Espagne), en demi-finales (Italie-Espagne) et en finale hier (Italie-Angleterre)… Ce problème récurrent était apparu, encore plus criant, lors de la Coupe du monde de football 1990 aux États-Unis, avec un nombre de cas si important qu’il avait conduit les instances du football à se pencher sur la question des fins de match, en essayant de trouver des solutions nouvelles.

C’est ainsi que sont nées quelques idées alternatives comme par exemple le fameux « Golden goal », imaginé en 1993, mis en place en 1996 et finalement abandonné en 2004, mais avec un petit groupe d’amis nous avions pensé dès 1994 à une autre formule qui nous semble bien supérieure.

Il s’agirait, en cas de match nul, de mettre en place l’épreuve des penalties à l’issue des 90 minutes de temps réglementaire et de faire jouer les prolongations après, l’équipe ayant gagné l’épreuve des penalties étant à la fin déclarée vainqueur en cas d’égalité.

Cette formule a de nombreux avantages : elle permet d’abord et avant tout d’éviter 30 minutes de prolongations insipides avec des équipes fatiguées qui ne veulent pas prendre de risques. Bien au contraire, avec cette formule, une équipe est en permanence en tête, et l'autre derrière. Cela nous assure donc d’un final haletant et spectaculaire au cours duquel l’équipe potentiellement éliminée va devoir se jeter à corps perdu dans la bataille pour essayer de changer le cours des choses. Cette formule permet aussi de conserver le côté amusant de l’épreuve des penalties tout en lui retirant son caractère décisif et cruel. Ceux qui ont raté leur tir au but (Saka et MBappé ici, ou dans le passé Platini en 1986, Van Basten en 1992, Baggio en 1994, Zico en 1996, Raul en 2000, Beckham en 2004, Henry en 2005, Trezeguet en 2006, Terry en 2008, Ramos et Robben en 2012, Griezmann en 2016...) auraient alors la possibilité de se rattraper au cours de la demi-heure de jeu qui suit. Et même si leur équipe est finalement défaite, ce ne sera plus de leur seule responsabilité (Roberto Baggio par exemple a dit souvent ne s'être jamais remis de ce penalty manqué contre le Brésil qui continue de "le hanter")… Ainsi le match se terminerait non sur une séquence de loterie qui n'a rien à voir avec le foot habituel mais sur une phase de jeu normale et trépidante, comme dans les meilleures fins de match de Coupe d'Europe (quand par le jeu du but à l'extérieur qui compte double on se retrouve dans cette situation d'avoir toujours une équipe potentiellement éliminée et une qualifiée)…

Nous avions transmis cette idée en 1994 à quelques personnalités du football. Nous avions reçu des réponses de Jean Fournet-Fayard, président de la fédération française de football, qui disait son intérêt pour cette proposition et promettait d’en parler à la FIFA, et de Didier Braun, éditorialiste au journal l’Equipe : « Vous savez comme moi que le processus conduisant aux réformes des lois du jeu est très long et passe par de nombreuses étapes. Peut-être un jour verrons-nous celle-ci voir le jour ». Comme les choses tardèrent effectivement à bouger, nous avons écrit en 2000 à Michel Platini, qui avait répondu comme les autres : « Ce type de proposition doit faire l’objet d’une étude de la part de l’International Football Board, organisme qui régit exclusivement les lois du football. Je vous invite à transmettre votre proposition au Département des arbitres de la Fédération internationale de football ». Nous l'avons fait plusieurs fois pour recevoir finalement une réponse d’un dénommé Andreas Herren, qui bottait en touche, depuis Zurich : « Nous accusons réception de votre lettre du de 28 septembre 2006 et vous en remercions. La FIFA reçoit tous les jours des propositions pour modifier les Lois du Jeu ou les règlements de ses compétitions dont parmi elles des suggestions similaires à vos suggestions. Pour la plupart, les propositions sont difficiles voire impossibles à mettre en œuvre ou encore elles ont déjà été testées mais avec des conclusions négatives. Par le biais de ses Commissions permanentes (arbitrage, technique, compétitions etc.) la FIFA continuera à chercher des solutions alternatives. »

Bref, les obstacles administratifs ont jusqu'ici été les plus forts et nous n’avons pas trouvé les moyens de percer ce mur compliqué. Mais sur le fond, cette formule bien plus logique ne mériterait-elle pas d’être testée au moins une fois au cours d’une grande compétition ? Cela parait un peu utopique d'en rêver dans les lourdeurs du contexte actuel, mais nous sommes certains si c'était le cas qu’elle pourrait démontrer sa pertinence, recueillir une grande adhésion et être un véritable « plus » pour l’intérêt et la qualité des compétitions…
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