Boris Becker : de la balle jaune à la série noire
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Boris Becker : de la balle jaune à la série noire

Par Louis Daufresne - Publié le 08/07/2019
Á l’heure où le coup droit de Rafael Nadal subjugue le public à Wimbledon, Boris Becker, ex-idole du tennis, n’en finit pas de subir les revers du destin. Son nom parle encore à toute une génération. Avec son alter ego Steffi Graf, Becker symbolise le retour de la puissance allemande au milieu des années 80. On le surnommait « Boum Boum » Becker pour son service ravageur. Mais à 51 ans, l’ex-numéro un mondial est un homme … ravagé, obligé de vendre aux enchères des trophées et des souvenirs personnels. Ces enchères ont lieu en ligne, et prendront fin à compter du 11 juillet prochain. Comment en est-il arrivé-là ? Son histoire oscille entre le tragique et le burlesque et reflète jusqu’à la caricature les errements de la jet-set.

Tout commence dès la fin de sa carrière, en juin 1999. Á 31 ans, Boris Becker dispute à Wimbledon son dernier tournoi. Le soir de son élimination, il se trouve au restaurant, alors que son épouse Barbara Feltus, enceinte de leur second enfant, est prise de contractions à l’hôpital. Curieux et fatal partage des rôles. Dans l’escalier du restaurant, l’ex-champion croise Angela Ermakova, apparemment d’un peu trop près puisque huit mois plus tard, le mannequin lui annonce qu'elle attend un enfant de lui … Becker nie être le père mais, tests génétiques à l’appui, il se couche devant l’évidence. Quelques secondes d’égarements facturées au prix fort : outre la copieuse pension alimentaire – 2 M€, 10.000 € mensuels et un appartement à Londres –, l'aventure dynamite son mariage avec Barbara, laquelle obtient 10 M$ ainsi qu'une luxueuse villa à Miami (il fallait au moins cela pour se remettre, convenons-en). Bien qu’il se trouve piégé au filet de ses conquêtes féminines, Boris continue à y monter, jusqu’en 2009 à Saint-Moritz, où il épouse un top-model néerlandais, Lilly Kerssenberg. Peu après ce deuxième mariage, Becker pinaille sur le montant des honoraires à verser au pasteur suisse. Les sommes en jeu sont dérisoires et pourtant, c’est un juge helvétique qui va trancher ! Il doit verser 1.800 € au prêtre et payer 2.000 € de frais de justice. Une broutille au regard de ses déboires avec le fisc. Car Becker n’est pas vraiment decker : en 2002, alors qu'il déclare vivre à Monaco, l’administration allemande considère qu'il passe plus de temps à Munich. Il est condamné à deux ans de prison avec sursis, à 3 M€ d'arriérés fiscaux à rembourser et à 500.000 € d'amende.

Boris Becker, c’est plus de 21 M€ gagné sur les courts en 15 ans de carrière, sans compter les dizaines de millions amassés via ses multiples contrats publicitaires. Mais ces gains filent aussi vite que ses services canons et c’est surtout dans les affaires que sa main vrille : sa boutique d'articles de sport en ligne est un fiasco, tout comme ses concessions automobiles... En 2017, un tribunal de Londres le déclare en faillite personnelle. Des créanciers lui réclament plusieurs dizaines de millions d'euros. Pour leur échapper, l’as de la balle jaune compte sur le continent noir. En possession d'un passeport diplomatique de République centrafricaine, Becker se présente comme « attaché » de ce pays auprès de l'Union européenne pour les affaires culturelles, sportives et humanitaires. L’ex-champion, s’il préfère les coups tordus aux coups droits, voit son joker de l’immunité diplomatique franchir la ligne blanche : Bangui fait savoir que le passeport est faux et qu’il vient d'un lot « de passeports vierges volés en 2014 ». Acculé par la justice, Becker songe à revendre une partie de ses trophées pour se renflouer. Six fois titré en Grand Chelem, le grand blond peut se prévaloir de 49 titres. Las ! Le cabinet chargé de gérer sa faillite fait savoir que l’étoile déchue ne parvient plus à remettre la main sur plusieurs pièces de son trésor sportif. Un appel mondial est même lancé pour retrouver les victoires volatilisées ! La vente a bien eu lieu mais ni Becker ni le cabinet en question n'ont précisé où et comment lesdits trophées étaient réapparus. Wyles Hardy & Co, la maison en charge de cette vente, escompte pas moins de 200.000 €.
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