Bloquer les « Black Blocs », mission impossible ?
Politique

Bloquer les « Black Blocs », mission impossible ?

Par Philippe Oswald - Publié le 08/12/2020
D’un week-end à l’autre, les manifestations se succèdent dans les villes de France, Paris en tête, et sont entachées d’actes de vandalisme et d’affrontements avec les forces de l’ordre. La scène s’est répétée samedi 5 décembre dans la capitale, lors de la manifestation contre la loi « Sécurité globale » : des centaines de casseurs se sont déchaînés. Bilan : du mobilier urbain saccagé, des voitures brûlées, des vitrines brisées, des pillages, des commerçants une fois de plus lourdement pénalisés, et surtout des dizaines de policiers blessés. Ces exactions sont principalement dues aux « Black Blocs », des anarchistes ainsi nommés en raison de leurs vêtements noirs et de leur tactique de regroupement en petits groupes compacts extrêmement mobiles (cf. LSDJ n°340 et LSDJ n°655 ). Ces professionnels de la guérilla urbaine affrontent systématiquement les CRS avec divers projectiles, y compris des cocktails molotov. Disséminés dans la foule, ils se revêtent de noir, passent à l’action masqués et gantés, et en fin de regroupement, quittent la tenue qui les dissimulait pour se fondre de nouveau parmi les manifestants.

Les « Black Blocs » ne seraient qu’un millier en France et pour la plupart, connus des services de renseignement. D’où vient qu’ils continuent de sévir, systématiquement et de plus en plus violemment, au cours des manifestations qui se multiplient ? Le soupçon grandit dans la population excédée que les autorités « laisseraient faire » pour « pourrir » les manifestations et retourner l’opinion contre les manifestants. L’hypothèse n’est pas à balayer d’un revers de main. Elle est confortée par des témoignages de poids, comme ceux du délégué national CRS Renaud Mazoyer sur LCI, samedi 5 décembre : « On ne nous donne pas les ordres pour les arrêter », et de Linda Kebbab, déléguée nationale du syndicat Unité SGP Police-Force Ouvrière, qui a assuré, ce même 5 décembre, sur BFMTV/RMC que « les Black blocks sont connus, identifiés par les flics et on les laisse rentrer dans les manifs » (elle a ajouté qu’elle avait été menacée d’enquête par la police des polices, l’IGPN, après ses déclarations).

Selon le ministère de l’Intérieur, les exactions commises samedi dernier à Paris et en province ont donné lieu à 95 arrestations, dont 42 dans la capitale, ce qui est peu : 10% du nombre total de casseurs recensés par les autorités dans la capitale. Si certains membres de cette mouvance sont connus notamment des renseignements, il est difficile de caractériser judiciairement leurs violences car ils agissent masqués et sont rarement interpellés. Quand ils sont arrêtés et gardés à vue, ils s’en tirent trop souvent avec de simples rappels à la loi, faute de preuves formelles de leur implication dans telle ou telle exaction. Adoptée sous la pression de l’opposition LR après les débordements de la manifestation parisienne du 1er-Mai 2018, la loi n° 2019–290 du 10 avril 2019 visant à renforcer et garantir le maintien de l’ordre public n’a pas changé grand-chose. Invité à commenter les violences de la manifestation de la veille à Paris, le sénateur LR Bruno Retailleau, a préconisé la création dans la police de « brigades anti Black Blocs » pour affronter cette « organisation paramilitaire de gens très bien entraînés » (BFMTV, 6 décembre).

Sur le plan pénal, il faut traiter les « Black Blocs » et les « Antifas » comme des terroristes, estiment William Thay, président du Millénaire, think tank spécialisé en politiques publiques travaillant à la refondation de la droite, et Pierre Fontaine, secrétaire général adjoint du Millénaire, dans un entretien à Valeurs Actuelles (en lien ci-dessous). « Black Blocs » et « Antifas » agissent en effet comme des terroristes en agressant systématiquement les policiers et les gendarmes, et font assaut de violences gratuites pour instiller la terreur. Chez les terroristes comme chez les « Black Blocs », au-delà du « trouble à l’ordre public », le but est bien de paralyser par la peur toute une société pour la détruire. Cela correspond aux infractions constituant des actes de terrorisme selon l’article 421-1 du Code pénal. L'assimilation de ces militants d'ultragauche violents à une mouvance terroriste rendrait délictuelle une telle appartenance et permettrait d’appliquer aux « Blacks Blocs » des mesures préventives, comme une astreinte administrative à se présenter au commissariat lors des manifestations. « En saccageant les biens et en s’attaquant aux formes d’autorité de l’État, les Black blocs sont des ennemis publics, il faut désormais les qualifier comme tels » concluent-ils.
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