Au Yémen, une guerre sans merci se poursuit
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Au Yémen, une guerre sans merci se poursuit

Par Philippe Oswald - Publié le 08/01/2019
C’est une guerre oubliée dont la durée dépasse déjà celle de la « Grande Guerre » mondiale. Depuis 2014, des combats sans merci opposent le gouvernement yéménite aux rebelles houthis pour le contrôle d’un pays occupant une position géographique stratégique, à la pointe sud-ouest de la péninsule d'Arabie. Le gouvernement sunnite du président Abd Rabbo Mansour Hadi est soutenu par l'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis, tandis que les Houthis, chiites (minoritaires dans le pays), sont appuyés par l'Iran. Ce conflit entre les deux grandes confessions musulmanes et leurs principales terres d’élection, l’Arabie Saoudite et l’Iran qui se livrent une guerre par procuration, a fait au moins 10.000 morts et engendré « la pire crise humanitaire du monde » selon l’ONU. Le blocus dressé par les Saoudiens et leurs partenaires des Emirats arabes unis a plongé 12 millions de personnes dans la famine, tuant quelque 85 000 enfants. Selon l’ONG Save the children, 22 millions de personnes ont un besoin urgent d’aide humanitaire, dont 120 000 enfants.

L’émissaire de l’ONU pour le Yémen, le britannique Martin Griffiths, est arrivé le 5 janvier à Sanaa, la capitale tenue depuis plus de quatre ans par les rebelles houthis, pour réactiver la trêve conclue à Stockholm le 18 décembre sous l’égide des Nations Unies. Cet accord prévoyait de remettre les ports de Hodeïda, de Salif et de Ras Issa aux administrations qui étaient sur place avant l'arrivée des rebelles fin 2014, en donnant un rôle à l'ONU dans leur gestion. Principal port du pays sur la mer Rouge, Hodeïda est un enjeu stratégique car c’est par lui que sont acheminées l’aide humanitaire mais aussi les armes fournies par l’Iran aux rebelles houthis. L’accord entériné par les pourparlers de Stockholm concerne aussi Taëz, grande ville du sud-ouest encerclée en partie par les rebelles. Mais cet accord a vite été remis en cause par les deux camps, qui s’accusent mutuellement de ne pas respecter la trêve. Les insurgés, qui contrôlent la majeure partie de Hodeïda, n’ont pas opéré le « redéploiement significatif » prévu par l’accord. Ni l’échange des prisonniers, ni l'ouverture d’un corridor humanitaire entre Hodeïda et la capitale Sanaa également convenus, ne se sont produits.

Après Sanaa, l’émissaire de l’ONU devait ensuite se rendre à Riyad pour rencontrer le président yéménite Abd Rabbo Mansour Hadi, en exil en Arabie saoudite. Sa visite survient trois semaines après que l’alliance des Etats-Unis avec le régime de Ryad a été mise à mal par deux résolutions du Sénat américain, la première à cause de l'assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi à Istanbul le 2 octobre, la seconde à cause de l’intervention saoudienne au Yémen. S’agissant de la guerre au Yémen, une majorité de sénateurs (dont 7 républicains) ont demandé le 13 décembre l’arrêt du soutien américain à la coalition internationale en vertu du War Powers Act, qui limite les pouvoirs du président concernant les interventions militaires à l’étranger lorsqu’il n’a pas l’aval du Congrès. L'Arabie Saoudite est notamment accusée de mener des bombardements meurtriers sur la capitale Sanaa et les villes du nord du Yémen tenues par les rebelles (les frappes aériennes saoudiennes auraient visé 14 375 structures économiques civiles -usines, entrepôts de carburants, de produits alimentaires, de médicaments). Sur le terrain, Ryad évite de faire combattre ses propres soldats mais aurait embauché des mercenaires dans des pays qui dépendent de financements saoudiens et émiratis, comme le Pakistan, la Jordanie et le Soudan. Selon le New York Times, environ 14.000 miliciens soudanais ont ainsi été recrutés pour des salaires mensuels équivalents à ceux d'un médecin (environ 450 euros). Un grand nombre d'entre eux seraient des enfants âgés de 14 à 17 ans originaires du Darfour.

Sur le site Agoravox, le politologue Carlo Marino revient sur les origines de la guerre qui déchire le Yémen.
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