Au fait, nos chers syndicats, qui représentent-ils et qui les finance ?
Politique

Au fait, nos chers syndicats, qui représentent-ils et qui les finance ?

Par Philippe Oswald - Publié le 28/12/2019
À quoi associe-t-on spontanément le mot « syndicat » en France ? À la grève, bien sûr, en particulier à celle des transports. Rien d’étonnant : notre pays n'a pas connu une seule année sans grève à la SNCF depuis… 1947. Pas un seul de ces soixante-douze ans ne s’est achevé sans que les « usagers » de la SNCF (le mot « clients » peine à s’introduire dans le vocabulaire de cette entreprise publique) ne subissent au moins un « mouvement social », synonyme pour eux d’immobilité forcée. Qui dit mieux ? C’est l’œuvre principale de la CGT, aujourd’hui aiguillonnée par Sud-Rail dans la surenchère. Cette année, ces syndicats ont largement gâché les retrouvailles des familles à Noël et, malgré une « mobilisation » en baisse, poursuivent la « grève illimitée » contre la réforme des retraites (entrée ce 28 décembre, dans sa 24e journée). La Saint-Sylvestre est donc promise au même sort ferroviaire que Noël.

Bien que tous opposés (comme une majorité de Français) à la réforme des retraites telle que l’a concoctée le gouvernement, les syndicats ne jouent pas la même partition. La CGT refuse le régime universel par points et toute suppression des régimes spéciaux ; elle campe sur la retraite à 60 ans et la prise en compte des dix meilleures années. La CGT et Sud-Rail, qui exigent le retrait pur et simple de la réforme, n’ont pas voulu entendre parler de trêve à Noël. Certains de leurs militants menacent les non-grévistes, pratiquent sans vergogne le blocage de raffineries et n’hésitent pas à couper l’électricité dans certaines villes, mettant en danger la vie de patients dans les hôpitaux.

La CGT-Cheminots est le premier syndicat à la SNCF (34,02% des suffrages lors des élections professionnelles de 2018) : elle représente un tiers des conducteurs de train et plus de 40% des contrôleurs ; le deuxième syndicat, l’UNSA ferroviaire (23,96% des suffrages lors des élections professionnelles de 2018), ne représente que 7,5% des conducteurs et des contrôleurs. Si SUD-Rail arrive en troisième position (17,28% des suffrages lors des élections professionnelles de 2018), il représente néanmoins un tiers des conducteurs et plus de 25% des contrôleurs. À eux deux, la CGT-Cheminots et SUD-Rail représentent près des deux tiers des conducteurs et 65% des contrôleurs.
Syndicat « réformiste », la CFDT était favorable à la retraite par points mais a bloqué sur « l'âge pivot » à 64 ans, sur lequel s'arc-boute Edouard Philippe. Autre syndicat supposé « réformiste », l'UNSA, influent à la RATP et à la SNCF, ne veut pas, lui non plus, entendre parler de l’âge pivot et estime que le compte n'y est pas sur la pénibilité ou l'aménagement des fins de carrière. Mais son dirigeant (pas forcément entendu par sa base) a appelé à une « pause » à la SNCF pour les vacances scolaires. En revanche, FO (Force ouvrière) est hostile à toute pause. Il réclame le maintien des 42 régimes de retraite et refuse tout recul de l'âge de départ. Même la CFE-CGC, syndicat des cadres, a rejoint, contre la réforme des retraites, l'intersyndicale menée par la CGT et FO. Quant à la CFTC, bien que favorable au principe de la retraite par points, elle s’insurge contre les modalités de l'âge pivot, déplorant que le gouvernement ait présenté son projet « clé en main », sans négociations. Logiquement, ce syndicat chrétien était favorable à une trêve de Noël. Finalement, il n’y a que le MEDEF, le syndicat des patrons, pour juger « bien équilibré » le projet de réforme du gouvernement.

Ces syndicats, capables d’entraver si lourdement la vie des Français, ne représentent que très peu d’entre eux, essentiellement des salariés du secteur public (fonctionnaires et agents publics). Depuis l'après-guerre, le taux de syndicalisation ne cesse de diminuer en France. 30% des salariés français étaient syndiqués en 1949, 20% en 1969, à peine 11% en 2019, deux fois moins qu'il y a 50 ans. La France est aujourd’hui l’un des pays les moins syndiqués de l’UE, loin en queue de peloton, à quasi-égalité avec la Lituanie et l’Estonie (10% de syndiqués – à titre de comparaison, la Belgique compte 50% de syndiqués). Chez nous, dans le secteur privé, seulement 4% des salariés sont encore syndiqués.

L’ampleur du mouvement des Gilets jaunes a souligné la faiblesse des syndicats. Paradoxalement, le gouvernement avait intérêt à les « remettre sur les rails », si l’on ose dire, pour retrouver des interlocuteurs avec lesquels discuter (ou feindre de le faire…). Déjà le précédent gouvernement avait pris soin de les maintenir à flot financièrement, en instaurant en 2015 une contribution patronale aux organisations syndicales « qui oblige donc les salariés du privé à financer des organisations syndicales qui non seulement ne les représentent pas mais, en plus, défendent les privilèges du secteur public et s’opposent systématiquement à la moindre tentative de réforme » déplore Nicolas Lecaussin, directeur du développement de l’Institut de Recherches Économiques et Fiscales (IREF) , dans cet article de Contrepoints (en lien ci-dessous).
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